Dimanche 12 mars à 17h

Ariane/Barbe-bleue

D’après le livret d’Ariane et Barbe-Bleue ou la délivrance inutile, conte musical en 3 actes de Maurice Maeterlinck

Théâtre d’objets, de marionnettes, installation, avec des pépites d’art lyrique.

Compagnie Implicite

Conception Alix Mercier

Jeu et manipulation : Dorine Cochenet, Alix Mercier

Dramaturgie et direction d’acteurs : Marie Demesy

Conception sonore : Haldan de Vulpillières

Conception lumière : Louis de Pasquale

Tout public à partir de 8 ans

Durée 60 min

Ne préfère-t-on pas parfois le super-vilain à la pauvre victime ? À quoi ça sert d’obéir ? Si Barbe-bleue coupait sa barbe, serait-il toujours Barbe-bleue ?

« D’abord, il faut désobéir : c’est le premier devoir quand l’ordre est menaçant et ne s’explique pas. » Tels sont les premiers mots qu’Ariane, la nouvelle épouse de Barbe-bleue, prononce en arrivant au château. Dans cette version de Barbe-bleue, la jeune femme affronte le monstre, le héros échoue, le bon peuple s’avère sanguinaire, le bourreau devient muet et lorsque les victimes retrouvent la parole, on s’aperçoit qu’on n’avait pas très envie de les entendre. Personne ne tient le rôle qu’on attend.

Le mythe d’Ariane rencontre celui de Barbe-Bleue

La Compagnie Implicite s’empare ici du livret d’Ariane et Barbe-Bleue ou la délivrance inutile, texte de Maeterlinck initialement écrit pour une mise en musique par Paul Dukas et qui explore les relations complexes entre persécuteur, sauveur, victime et témoin, pour questionner le devoir, la désobéissance ou la liberté mais encore l’enfermement volontaire ou subi – qui résonne férocement avec notre actualité confinée.

Ariane, héroïne mythique au fil légendaire, convoquée par Maeterlinck dans le château de Barbe-Bleue et sixième femme du monstre, s’est vue confiée le trousseau des clefs du château. Comme dans le conte de Perrault, Barbe-Bleue l’a autorisée à ouvrir toutes les portes sauf une dont elle détient néanmoins la clef. Mais contrairement à son modèle du XVIIème siècle, c’est la liberté et non la peur qui guide Ariane, convaincue de retrouver vivantes les anciennes épouses de son nouveau mari. « Je vais chercher la porte défendue […] Tout ce qui est permis ne nous apprendra rien ». Comme en écho aux récentes libérations de la parole des femmes à travers le monde, Ariane, qui « obéit […] à d’autres lois que [celles de Barbe-Bleue] » et appelle « ses soeurs » à « se délivrer [elles]-mêmes » sort de sa condition de victime.

Mais très vite, la pièce bascule et cet affrontement cède la place à la rencontre entre l’héroïne affranchie et les six épouse captive qu’elle est venue délivrer. Peut-on être sauvé par quelqu’un d’autre que soi? Le héros a-t-il ce pouvoir?

Au dehors, le peuple demande la tête du bourreau mais suffit-il de se débarrasser du tyran pour être libre? Doit-on utiliser la violence pour arrêter la violence?

La fin de cette histoire semblait toute tracée, Ariane délivrant « ses soeurs » du joug du monstre, mais Maeterlinck en décide autrement. Celles-ci refusent de suivre celle-là venue les libérer, lui préférant leur bourreau. Ariane, en pleurs, quitte le château, les femmes de Barbe-Bleue refermant la porte sur elle, la pièce s’arrête net sur ce retournement de situation.

Le texte ne donne aucune réponse. Il surprend au contraire, déstabilise et questionne nos certitudes… »Le théâtre, qui est selon l’étymologie du terme, le lieu d’où l’on voit, devient pour Maeterlinck le lieu où l’on constate qu’on ne verra pas. Il y aurait donc un leurre à faire croire que le théâtre donne à voir des vérités. Au contraire, le théâtre est le lieu qui montre à l’homme sa condition d’aveugle » nous dit A. Jaquemard-Truc dans un texte consacré au dramaturge.

Partenariats

Drac Normandie dans le cadre d’un compagnonnage avec le Théâtre de l’Incrédule Les Ateliers Médicis / Ministères de la Culture, de la jeunesse et de l'Education Nationale – dispositifs Création en Cours#5 – dispositif Transat#3 – Scène et Territoire / Région Grand Est / Ministère de la culture – dispositif Jeunes Estivants – Coproduction: Le Théâtre Halle Roublot, Accueil en résidence : Théâtre du donjon – Ville de Pithiviers / Le Théâtre des Roches – Ville de Montreuil / Le Théâtre aux Mains Nues / Le TAG – Amin Théâtre / Le Manipularium – Cie Daru-Tempo / Le Théâtre Halles Roublot / Lézard de Colmar / La Maison des Arts Lingolsheim