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18h30 – JE SUIS FREDERICK DOUGLASS
Adapté des mémoires d’esclave de Frederick Douglass (théâtre et danse) – Un spectacle de la compagnie BaroDa et du réseau Culture en Partage (Mali)
Modibo Konaté, interprète. Alou Cissé Zol, chorégraphe. Aboubakar Fofana, scénographie. Jean-Louis Sagot-Duvauroux, adaptation et mise en scène.
En 2021, l’éditeur numérique malien BiBook publie un ouvrage essentiel, les Mémoires d’esclave, de Frederick Douglass. Le livre, qui relate les dix-neuf premières années de vie de l’auteur, est gratuitement mis à disposition par BiBook et téléchargé sur leur smartphone par des milliers de lecteurs africains. Parmi eux, Modibo Konaté, un jeune danseur et comédien bamakois. La lecture de ce puissant témoignage le saisit. Il est immédiatement pris par l’envie de faire vivre sur scène l’empathie qu’a provoqué en lui cette lecture.
UN SPECTACLE SUR LA DIGNITÉ HUMAINE
Frederick Douglass est un des pères de la république américaine. Né esclave au début du XIXe siècle, il vit son enfance et son adolescence dans les affres et les espoirs de cette condition. À 19 ans, il a appris clandestinement à lire, à écrire, à chérir la liberté. Il s’évade pour les États du Nord des USA qui ne connaissent pas l’esclavage. Le reste de sa vie, il plaidera en Amérique et en Europe pour l’abolition de ce crime contre l’humanité. Pour la création du spectacle, le comédien/danseur retenu est Modibo Konaté, artiste malien de la compagnie BaroDa. Mais le rôle n’est pas lié à une couleur de peau, ni à une origine géographique, ni même au genre masculin. Chacun peut s’identifier à la résistance à la déshumanisation qui est un des principaux messages de la passionnante autobiographie de Frederick Douglass. La sélection des épisodes retenus pour cette version théâtrale et l’adaptation réalisée par Jean-Louis Sagot-Duvauroux ont pour axe cette résistance. Le texte original de Frederick Douglass est gratuitement disponible sur téléphone et tablette via l’application de l’éditeur numérique africain BiBook (Play Store et App Store)
Ci-dessus, une photographie de deux enfants esclaves, l’un d’ascendance africaine, l’autre d’ascendance irlandaise. Le commerce des enfants d’Irlande par le colonisateur anglais toucha en effet des milliers de personnes, des enfants surtout, arrachés à leur famille. Ci-contre, propagande raciste visant à « négrifier » les Irlandais pour justifier leur colonisation et leur mise en esclavage.
Au rythme des gospels de Louis Armstong
Dans le spectacle, Le récit de Frederick Douglass se croise de scène en scène avec les gospels du Good Book de Louis Armstrong. L’artiste-interprète danse sur ces musiques dont la résonance avec le texte est particulièrement puissante et suggestive.
Douglass entend naître le blues et raconte…
« Les esclaves savent très bien qu’ils ont intérêt à faire croire à leur maitre qu’ils sont heureux de leur sort. Alors ils font retentir les chemins de leurs chansons étranges, qui semblent exprimer parfois la plus grande joie et manifestent en réalité la plus profonde tristesse. Ils composent et chantent en marchant, sans s’inquiéter ni de la mesure ni de l’air. La pensée qui se présente à leur esprit est exprimée autant par les sons que par les paroles. Ils chantent quelquefois le sentiment le plus touchant du ton le plus animé. Ils arrangent toujours leurs chansons de manière à y introduire quelque flatterie à l’adresse de leur maître. Ces paroles-là servent pour ainsi dire de refrain à d’autres mots qui sembleraient à certaines personnes un jargon inintelligible, mais qui sont cependant pleins de sens pour eux-mêmes. J’ai quelquefois pensé que ces chansons-là, rien qu’à les entendre, pouvaient faire sentir la nature horrible de l’esclavage, qu’elle la disait mieux que plusieurs volumes de réflexions à ce sujet… … … »
BLUES SCENOGRAPHIQUE
Le texte, la musique, l’interprétation disent des histoires vraies – l’histoire d’un homme, l’histoire de l’esclavage, l’histoire du blues, l’histoire d’un jeune Africain d’aujourd’hui bouleversé par la lecture des mémoires de Frederick Douglass. A cela, la scénographie envisagée ajoutera une installation de chemises anciennes (19e siècle) et d’étoffes teintes à l’indigo naturel. Ces vêtements-témoins, en plus des qualités plastiques de l’installation, témoigneront de la vie des esclaves et du commerce triangulaire, dont l’indigo fut une des denrées essentielles. Modibo Konatè dansera avec elles dans les moments musicaux. Ils danseront avec lui sous l’effet de sa danse.
Je suis Frederick Douglass est donné dans le cadre d’une soirée de la solidarité internationale, proposée à l’occasion du Festisol (Festival des solidarités). Le spectacle est suivi
à 19h30 d’un échange et d’une collation
à 20h30 d’un autre spectacle de théâtre : Je suis né d’un récit brûlant
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